Dans le passé, au cours des terribles tempêtes d’hiver, l’érosion naturelle des falaises vives par la mer et le vent a fini par rejoindre plusieurs fois l’érosion humaine mécanique du revers. Des brèches se sont ouvertes dans le cordon fragilisé et la mer s’y est engouffrée, ennoyant des secteurs de prairies.
Sous l’égide du Conseil général, nouveau propriétaire des dunes, des travaux gigantesques ont été entrepris pour reconstituer le cordon étalé en contrebas : comblement des brèches à l’aide uniquement de sable, issu du creusement du port du Guilvinec-Léchiagat, transporté par un ballet incessant de lourds camions. Le profil de l’avant-dune a été remodelé dans le respect de l’équilibre écologique, la végétation naturellement adaptée s’est à nouveau implantée (oyats) à tel point que, sur des centaines de mètres, les méfaits de l’exploitation des carrières ne sont plus visibles. Néanmoins, rien n’est gagné contre la mer. La menace est toujours là. Certains points en contrebas du niveau des hautes marées, restent fragiles.
Dominant la mer, le sommet de ce long cordon est le lieu privilégié, par toutes les saisons et tous les temps, des promeneurs et des sportifs qui s’adonnent à leur jogging et au parcours du cour balisé, au détriment, il faut le dire aussi, d’une certaine fixation de la végétation. Le spectacle de la mer changeante et des évolutions des embarcations de l’école de voile toute proche est sans pareil. Au printemps, dans les espaces peu piétinés ou entourés de ganivelles, les immortelles des sables, les arméries maritimes violacées, les lotiers jaunes et les prairies de lagures aux épis moutonneux, réjouissent les amoureux de la nature. Les chercheurs de champignons des sables, coulemelles, rosés, pleurotes odorants se croisent après les pluies.
Il y a quelques milliers d’années, lorsque le niveau de la mer se situait à quelques mètres plus bas que le niveau actuel, ce cordon sableux était fixé dans la grève sur les platiers rocheux qui découvraient à marée basse.
Ces platiers sont parfois précédés de larges plaques noires et épaisses bien visibles qui ne sont pas les dépôts pétroliers durcis de la marée noire de l’Erika, comme certains pourraient le penser. Ce sont tout simplement des dépôts de tourbe aquatique, reposant sur un vieux sol argileux de fond de marais d’eau douce datant au moins de l’époque gauloise et rattrapés par la mer.
Balayés par les flots déchaînés, ces platiers sont recouverts de pierres, galets, blocs sous lesquels se cachent de multiples animaux marins qui font la joie, les jours de grande marée, des pêcheurs à pied. La cueillette du carraghen, ou lichen, ou teil picot, l’algue précieuse, est un sport que des dizaines d’enfants pratiquent à la belle saison.
A l’ouest, le cordon dunaire s’accroche à la pointe de Léchiagat, aux rochers qui encadrent les viviers à homards et crabes. Léchiagat est l’ancien petit village de pêcheurs, né autour de la chapelle Saint-Jacques aujourd’hui démolie. C’est le secteur le plus urbanisé de Tréffiagat, à proximité immédiate du port. Menacé par les vents forts de suroît, cette portion de rivage exige une protection maximum contre la mer. Les souvenirs de raz de marée de 1924 y sont encore vivaces : la mer ayant franchi le barrage dunaire et s’étant maintenue dans les zones en contrebas, avait coupé la petite agglomération en plusieurs tronçons accessibles en barque uniquement.
Le rivage sud du village, montre aujourd’hui tous les efforts des hommes accomplis pour dominer la nature. Depuis les années 30, muretins, gabions toujours détruits et toujours réparés, murs de béton, apports massifs de sable pour surélever le cordon, pose de blocs de granite soigneusement agencés, témoignent des efforts sans fin pour lutter contre les éléments. Pourtant cette courte portion de littoral est précédée de vastes platiers rocheux sur lesquels roulent les lames déferlantes et jaillissantes ainsi freinées mais semble-t-il plus percutantes, d’année en année. Au cours des tempêtes d’hiver, c’est un spectacle qui attire de nombreux promeneurs quelque peu inquiets.